Renforcement et réparation des éléments lamellé collé - Chapelle lycée - Bordeaux (33)
Budget : 85 000 €ht
Année : 2025
Description : Réparation durable d’une charpente lamellé-collé en chapelle scolaire : purge, traitement, rainurage, armatures et injection de résine, avec restitution esthétique.
Description détaillée des travaux
À Bordeaux, la chapelle d’un lycée présentait des altérations sur plusieurs éléments en lamellé-collé : zones d’humidification, attaques biologiques anciennes, fissurations locales et pertes de matière. Le lieu étant en site occupé (célébrations, activités scolaires), l’enjeu était d’intervenir sans fermer l’édifice ni dénaturer l’esthétique. Après visite et échanges avec la maîtrise d’ouvrage, une réparation localisée à la résine époxydique a été retenue : une approche conservatoire et réversible, limitée aux zones dégradées, pensée pour rendre la capacité portante, stabiliser la pathologie et respecter l’existant.
Diagnostic et stratégie d’intervention
Le diagnostic a combiné inspection visuelle, poinçonnements, humidimétrie et relevés de fissures. Les pathologies identifiées — poches d’aubier altéré, attaques xylophages anciennes, microfissures, défauts d’étanchéité ponctuels — ne justifiaient pas un remplacement massif. Objectifs : neutraliser les foyers biologiques, reconstituer la section résistante, assurer la transmission des efforts (traction/compression/cisaillement) et rendre une finition homogène. La solution retenue, bien adaptée aux structures historiques, limite les démontages, les nuisances et les délais.
Étaiement, purge et traitements curatifs
Les zones concernées ont été étayées lorsque nécessaire afin de sécuriser les charges le temps des opérations. Les bois altérés ont été purgés finement (grattage, ciselage), en préservant au maximum les parties saines. Les interfaces ont reçu des traitements fongicides et insecticides ciblés, afin de stopper toute activité résiduelle et de prévenir les reprises. Cette préparation est déterminante pour la durabilité de la réparation.
Rainurage, armatures et restitution structurelle
Afin d’assurer une transmission fiable des efforts, les pièces purgées ont été rainurées selon un schéma validé par le BET structure, puis armées par l’insertion d’éléments compatibles (tiges, lamelles ou lamibois selon cas). Ces armatures, noyées dans le bois, permettent de reprendre les tractions et cisailles là où la section a été entamée, tout en respectant les géométries d’origine. Les ancrages et longueurs d’adhérence ont été dimensionnés pour garantir la continuité mécanique.
Injection de résine époxydique et comblement
Les zones préparées ont été coffrées et les volumes reconstitués par injection gravitaire de résine époxydique adaptée au bois, assurant adhérence, cohésion et remplissage des lacunes. Le choix de la résine (viscosité, temps de prise, module) a été arrêté selon la température ambiante, le taux d’humidité et le caractère patrimonial du site. L’objectif : reconstituer la section, colmater les vides, stabiliser les fissures et retrouver une continuité structurelle fiable.
Finitions patrimoniales et intégration visuelle
Une fois la polymérisation atteinte, les surfaces ont été poncées et profilées pour s’intégrer au galbe des membrures. Une lasure teinte « au plus proche de l’existant » a été appliquée, rendant la réparation quasi invisible en vue courante. Cette exigence est essentielle en contexte cultuel, où l’œil capte immédiatement toute dissonance.
Coactivité, discrétion et sécurité
La chapelle est restée exploitable : perches d’aspiration, rideaux anti-poussière, plages calmes, balisage. Les interventions bruyantes ont été planifiées hors offices et temps forts. Le PPSPS a encadré travail en hauteur, manutentions, produits et ventilation. La communication avec l’établissement a permis de concilier sécurité, respect des lieux et délais.
Contrôles, performances et suivi
Des contrôles ont validé la reprise structurelle : vérification des ancrages, tests d’adhérence, mesures de flèche comparatives. Le DOE rassemble notes, fiches produits, schémas d’armatures, zones traitées, teintes appliquées et recommandations d’entretien (surveillance hygrométrique, ventilation, points singuliers d’étanchéité). Un suivi périodique est conseillé pour maintenir la performance dans le temps.
Bénéfices de l’approche « réparer plutôt que remplacer »
Préservation du lamellé-collé existant et de l’esthétique d’origine.
Moins d’empreinte chantier : délais contenus, déchets réduits, intervention ciblée.
Durabilité : transmission des efforts rétablie, stabilité dimensionnelle, protection curative.
Exploitation maintenue : continuité des usages pédagogiques et cultuels.
Au final, la réparation à la résine époxydique de la charpente lamellé-collé a permis de stabiliser, renforcer et valoriser l’ouvrage sans intervention lourde ni fermeture prolongée. Une démarche respectueuse, efficace et adaptée aux contraintes d’un édifice vivant — exactement ce qu’exige la sauvegarde du patrimoine au service des usagers d’aujourd’hui.